J'ai mouru un matin à Paris
On va tous mourir. Vous êtes au courant ?
Mais comment ? That is the question.
Jeune ? En bonne santé ? Vieux ? Tout ratatiné ? D'une crise cardiaque ? Dans notre sommeil ?
Avec six mois de moins d'existence, c'est une quasi certitude.
C'est pas moi qui le dis. C'est écrit ici...
En quelques jours de soleil, de chaleur, nous avons perdu six mois de vie. Après la pluie qui entame notre moral, voici le soleil tueur... On ne s'en sortira donc jamais.
Vendredi, en attendant le bus à 6h du matin (transport gratuit faut-il le préciser), j'ai pris conscience de ma condition de mortelle. J'allais mourir. Nez qui pique et gorge étrangement envahie de particules fines offrant une odeur de poisson mort à l'atmosphère, j'allais mourir.
Enfin... pas tout de suite. Il fallait attendre que ces salopes de particules envahissent mon corps, mon coeur, mes artères... STOP !
Cette mort est stupide.
Aussi stupide que si je me faisais écraser par un bus - ou le petit train touristique de Montmartre - en traversant une rue avec mes écouteurs crachant un solo de Miles Davis dans mes oreilles. L'inattention tue. Sachez-le.
Aussi stupide que si j'étais victime d'une crise cardiaque dans les gradins d'un stade à force de gueuler contre Benzéma ou après l'équipe de France de rugby "Poussez, poussez...". Je parle de la mêlée...
Aussi stupide que décéder foudroyée sur un stade pendant un footing, la foudre ayant choisi de s'écraser sur une de mes barettes (le truc pour les cheveux...).
Pas aussi stupide toutefois que si je clamsais d'un coup de foudre amoureux...
Aussi stupide que de m'étrangler avec une poignée de cranberry, de recevoir la jardinière de ma voisine sur la tronche en pleine rue, de tomber à vélo (ouh là... j'aurai pas dû écrire ça).
Voilà à quoi je pensais en ce vendredi matin dans ce bus. Imaginer une mort un peu rigolo-stupide pendant que mon corps s'encrassait de particules pas élémentaires à ma vie.
Une heure plus tard, j'étais sur la piste, baskets aux pieds. Sans barette. L'air vif m'a fait pensé que la pollution était moindre. Jusqu'au moment où...
AME SENSIBLE NE PAS LIRE LA SUITE
Jusqu'au moment où... j'ai craché mes poumons. J'y ai vraiment cru. Un truc noir est sorti du fond de ma gorge.
Respire, expire. Respire, expire. Mes poumons sont là. Enfin... je crois. Je n'ai pas souhaité examiner précisément ce corps étranger extirpé et gisant au sol...
Le soir même, encore traumatisée à l'idée que j'avais perdu six mois de vie, j'ai trouvé la solution ! Dans le métro.
Station Sèvres-Babylone. Une expo sur la biodiversité, les animaux nécessaires au bien-fondé de notre planète, les espèces à protéger...
Au détour d'un commentaire, les feuilles de lotus (la plante... ne soyez pas idiots) pour une explication entre poésie et science : "Les feuilles de lotus ne sont jamais mouillées. Elles sont recouvertes d'une multitude de petites structures couvertes de cire qui repoussent les gouttes d'eau. L'eau s'écoule facilement sans s'étaler et emporte avec elle, débris, insectes et autres poussières".
Voilà. Bim, les particules fines. Capturées par des feuilles de lotus. Et puis, ce serait beau Paris avec des petits étangs et des lotus au milieu.
Elle est pas belle la vie ?
PS : je pense rompre avec ma Yaris que j'aime tant...
PS 2 : y'a d'autres corps étrangers dans mon nez. Vérifiez chez vous. Et rassurez-moi. Ou pas.