La solitude de la blogueuse
JE VEUX DU CLIC.
Du bon, du beau clic. Celui qui fait grimper les statistiques de ce blog. Je veux du clic.
Pour ça, faut produire. Je sais.
Ecrire. Souvent. Tout le temps. Le soir. La nuit. Pas le matin. Je sais pas faire.
Monsieur Overblog est très gentil. Cette semaine, il m'a envoyé un petit mémo intitulé "trouver l'inspiration pour vos idées". Parce que oui, le vertige de la page blanche existe aussi pour la blogueuse. Cette incapacité à aligner deux phrases sur l'écran lumineux. Ne pas trouver l'idée, l'inspiration. Dans ces moments-là, le vertige nous prend. Tout s'enchaîne dans un fracas incommensurable dans notre cerveau.
"Si je trouve pas une idée de billet, pas de post. Si pas de post, statistiques en baisse. Les lecteurs vont partir. Jamais revenir. Ils seront déçus. Mes parents aussi. Ca va être la honte. TROUVE UNE IDEE. Et cet écran blanc qui m'agace. Ma vie ne vaut rien. Je ne vaux rien. Que vais-je devenir ? Qui suis-je ?"...
Version plus soft (et plus réaliste) : "putain, j'ai pas d'idée aujourd'hui. Faut que je me bouge sinon ma mère va me demander ce que je fous".
Monsieur Overblog a quelques bonnes idées, je le concède. N'empêche que parfois, ça ne vient pas. La solitude de la blogueuse ressurgit. Le cerveau en berne. Les doigts athrophiés. L'humeur sans humeur.
Ca devait bien arriver. Car, voyez-vous, je cumule les handicaps.
1. HORS CATEGORIE
Dès la création du blog, j'ai senti que ça clochait. Monsieur Overblog - encore lui - me demandait dans quelle catégorie, je voulais m'inscrire. Sur la trentaines de catégories prédéfinies, aucune pour moi : automobile, santé, lifestyle, célébrité, sport...
J'ai cherché "billet d'humeur", "raconteuse d'histoire", "rigolotte mais pas trop", "amateur de sport mais pas seulement"... Niet. Rien. Suis hors catégorie. Le poids lourd des blogs... Exclue du système.
2. HORS COMPETITION
Je ne peux pas rivaliser. Ni avec les blogueuses mode, ni les fondues de cuisine ou les accros aux accessoires de beauté. Je ne vous en veux pas les filles, mais je ne sais pas cuisiner et je ne veux pas faire porte-manteau pour une marque. Car, non, je n'ai pas créé ce blog pour gagner de l'argent (je ne refuserai pas toutefois que des investisseurs importants misent sur ces écrits sans rien attendre en retour. Evidemment. Mon numéro de compter est le 144....).
Je vois bien qu'avec vos post sur la tarte au citron, le dernier manteau de chez Zara ou la dernier rouge à lèvres d'Yves Rocher, vous engrangez du clic. Et des pépéttes par la même occasion. Mais, moi, j'ai choisi l'humeur. Bonne ou mauvaise, ça rapporte pas un kopeck.
3. HORS D'AGE
Et là, c'est le choc.
Je vous laisse découvrir cette statistique...
Pour être totalement honnête, on sent que la personne qui a réalisé ce camembert a eu un problème. 56% de personnes qui répondent NSP quand on leur demande leur âge - NSP signifiant "Ne sait pas" - ça fait beaucoup. Surtout que la réponse à ce genre d'interrogation est relativement facile.
Qu'importe.
Cette stat croisée à d'autres données m'ont fait prendre conscience de ma condition de minorité visible (ou pas). Je suis beaucoup trop vieille pour être blogueuse. Moyenne d'âge de la dite blogueuse : 33 ans. Comment voulez-vous que je lutte ? D'autant qu'aucune marque de cosmétique ne me propose de tester les anti-rides ou les crèmes amincissantes.
MAIS J'ENTRE EN RESISTANCE
N'étant pas d'une nature à renoncer, et parce que je l'aime bien moi ce blog et j'aime bien vos commentaires, votre regard, vos remarques, vos suggestions, j'ai décidé de trouver des moyens de faire du clic.
Ceci explique en partie mes photos (ratées) de bouffe (de nourriture pour être respectueuse des auteurs de ces mets délicats), mes titres coquins (parce que le sexe, c'est très "cliquable"), un chouia de sport (je ne sais toujours pas pourquoi les amateurs de sports sont aussi amateurs de blogs) et quelques dessins d'humour pour vous rendre la vie plus rose.
Voilà pour ma recette de "tu veux plus de clics ?".
Je crains cependant d'être, à l'instar de mon incapacité chronique à savoir cuisiner, une piètre pourvoyeuse de clics. Mais au fond... On s'en fout non ?