Le monde de Neto
Cette histoire de Coupe du Monde - notre dream team à nous - est réjouissante. Une bouffée d'oxygène. Un puissant condensé d'énergies qui font du bien à l'âme. Et aux zygomatiques.
Réjouissant aussi par la multiplicité de vos regards.
Laure a l'oeil artistique. C'est son domaine. Son champ de travail aussi.
Laure est la soeur de Lise (@lisepressac) que beaucoup d'entre vous connaissent. Les 2 L qui vous filent des ailes avec leur immense sourire. Laure, l'aînée, a tout de suite dit oui à nore projet et nous offre deux textes. Voici le premier. Balade artistique dans le monde de Neto (je revendique ce jeu de mots pourri et m'en excuse).
Eva
Dans ses filets
Des fils suspendus au plafond. Des poids qui pendent lourdement, entre lesquels il faut circuler. L’étonnement quand on se retrouve face à une œuvre de cet artiste contemporain brésilien : Ernesto Neto, avec sa poésie, nous invite à une autre vision de l’art et une perception loin de notre approche classique européenne.
Point de cadre doré suspendu sur un mur. Tout repose sur sa volonté de faire de l’art une rencontre, un frôlement, un contact : sans doute un reste de la chaleur brésilienne. Les fils se tissent : ils n’enferment pas, comme ceux des pêcheurs ou des cages sur un terrain de football.
Ils retiennent, pour ouvrir de nouveaux contacts, de nouvelles sensations, comme pour ces tambours emprisonnés pour mieux nous atteindre. Tout le Brésil y est : les couleurs, les matières qui rappellent l’artisanat local, les rives de l’océan et les odeurs. Dans ses premières sculptures, des tubes de maille contenaient du cumin, des épices brésiliennes typiques, invitation au voyage des sens.
Ernesto Neto, Tambour, 2010 - Tricot au crochet, pierres de lave, piano, pierres de rivière, tambours afrobrésiliens et caisse - Vue de l’installation au Museu de Arte Moderna, São Paulo, 2010 - Photo : Everton Ballardin, © Ernesto Neto
Ernesto Neto est né au Brésil en 1964, mais il est maintenant une figure clé du monde de l’art contemporain. Il a même pu entrer dans le temple des grands hommes, au Panthéon, et y installer son Leviathan Thot. Labyrinthe organique, tente arachnophile, cette structure a de quoi dérouter et attirer : on a à la fois envie de se glisser le long de ses filets mais aussi de s’éloigner de ces poids morts qui semblent suspendus et écrasés à la fois. Défi à la pesanteur, cette œuvre est aussi la preuve que l’art brésilien a su séduire l’Europe…et la prendre dans ses filets.
Une exposition vient de clore à Bilbao, une autre commence à Lyon[1] sur les jeunes artistes contemporains : une autre façon de célébrer les filets brésiliens et ces liens qui se tissent dans le temps pour enrichir une culture artistique atypique, dans laquelle finalement Neto est devenu une figure tutélaire qui a ouvert une large succession…
Laure
[1] Exposition Imagine Brazil, jusqu’au 14 août au musée d’art contemporain de Lyon : http://www.mac-lyon.com/mac/sections/fr/expositions/2014/brazil/