Nous sommes tous des Brésiliens
Après son texte magnifique L'éloge de la défaite, Bruno revient sur la défaite de l'équipe du Brésil... De cette soirée qui nous a figés devant nos écrans.
Je n'ai pas pu regarder jusqu'au bout cette rencontre. Par malaise. Par tristesse sans doute. Parce que c'était le Brésil. Au Brésil.
Et puis ce matin, le texte de Bruno est arrivé.
Eva
Nous sommes tous des Brésiliens…
Hier soir, une fois encore, je me suis fâché avec de gens à cause du football. Ou plutôt grâce à lui car je me suis débarrassé d’individus qui n’avaient rien à faire dans ma vie.
Hier soir, comme toujours, il y avait deux camps : celui des amoureux du foot et les footix, ceux qui n’y entendent rien et qui se croient permis d’en parler une fois tous les quatre ans.
Hier soir, le premier camp était triste. Car quand on aime vraiment le football, on n’a pas envie de voir le maillot brésilien se faire souiller. Quand on aime le ballon rond, cette tunique jaune est symbole de beau jeu, de joie, de sourire. Alors oui, cette équipe du Brésil est sans doute la plus mauvaise de l’histoire, oui, sans son génie Neymar, cette équipe ressemble à toutes les autres, mais il y a tout de même ce maillot jaune et vert. Et ça, on doit le respecter tant ces couleurs nous ont fait rêver.
Hier soir, le deuxième camp a multiplié les vannes en carton, à base de « c’est un score de babyfoot », « On est à Wimbledon ou sur un terrain de foot ?». Les Footix ont ricané, cancané, car ils ne savent pas ce que c’est un match où rien ne va. Ils n’ont jamais connu ces rencontres où la raclée est comme annoncée. Ils ne comprennent pas que, quand on cède mentalement, les jambes ne suivent plus et que l’humiliation est totale. Ils ne savent pas que, parfois, la vie sur un terrain de football est une vraie chienne…
Ces Footix, je les ai regardés, lus et écoutés de loin. Et puis, certains ont commencé à m’envoyer des textos avec leurs vannes moisies de chansonniers à deux balles. Alors, je me suis énervé. Parce que je ne supporte pas que l’on s’acharne sur un homme qui a déjà les deux genoux à terre. Surtout quand il a sur les épaules un maillot Auriverde. J’ai supprimé quelques contacts dans mon téléphone et j’en ai insulté d’autres, leur demandant de nous laisser en paix, nous les amoureux du football qui passaient une bien vilaine soirée…
L’équipe d’Allemagne est une très belle équipe, c’est indiscutable. Mais eux aussi ont participé à la curée. Les Footix et quelques commentateurs imbéciles ont expliqué que les Teutons avaient eu raison de continuer à aggraver le score. Foutaises. L’équipe d’Allemagne, surtout en deuxième mi-temps aurait pu, aurait du lâcher un peu l’affaire pour ne pas souiller davantage une équipe brésilienne en perdition. À 5-0, l’affaire était entendue, ce n’était pas la peine d’en rajouter. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire et aujourd’hui, je n’aimerais pas être allemand…
Hier soir, nous avons assisté à une battle entre les Stones et Christophe Maé. Sauf que Mick Jagger n’était pas là et que Keith Richards avait les deux bras cassés. Du coup, c’est le chanteur chevrotant qui a gagné son billet pour la finale en en ânonnant ses « bang bang bang » avec sa voix de canard.
Mais le football est moral. Et je vous l’annonce, dimanche soir, Robben ou Messi feront chuter l’Allemagne. Si, si , c’est une certitude. Je ne peux pas croire que nous sommes dans un monde où à la fin, c’est Christophe Maé qui gagne…
Bruno (@brunogodard)