Il est 5 heures...
C'était lundi.
Mais aussi mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi.
Ca va recommencer. Lundi. Mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi.
Nouveau job (job supplémentaire pour être exacte), nouvelle vie.
La vie en question commence à 4h40.
Non, pas 16H40 avec un goûter brioche - Nutella.
4H40 du matin, avec deux réveils, cernes et une féroce envie de café en intraveineuse.
Il est 4H40 et mes pieds touchent le parquet. Je ne suis pas tombée du lit (pour une fois), c'est désormais mon quotidien. La vie commence tôt. Donc l'avenir avec, si j'en crois l'adage (totalement idiot), "l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt". Mouais... L'horizon est assez bouché à 4h40 du matin.
A peine un regard dans le miroir. Furtif le regard. Histoire de ne pas se faire peur.
Les gestes sont mécaniques. Douche. Séchoir. S'habiller. Contrôler une dernière fois son cartable, sa trousse, l'état de la batterie de son téléphone... Et se maquiller.
STOP.
Se maquiller à 5H15 du matin ? (oui, l'heure avance et faut se magner...)
Pour aller à la radio ? (ma nouvelle vie, c'est à la radio. Matinale d'Europe 1).
Aucun intérêt.
Effectivement.
Encore que...
Scénario 1. Je pourrai éventuellement avoir des vues sur quelqu'un qui aurait la judicieuse idée de se lever aussi tôt que moi et qui travaille dans la même maison. Donc pomponnage.
Scénario 2. Je pourrai avoir envie de ne pas effrayer mes nouveaux confrères en leur imposant des cernes dignes d'un panda adulte. Donc pomponnage.
Scénario 3. Souriez, vous êtes filmés. Voilà. La radio, c'est presque de la télé. De miniscules caméras se sont inflitrées dans le studio et filment nos tronches pendant la Matinale. Donc, par respect pour ceux qui regardent la radio (l'expression est cocasse, avouez-le), maquillage obligatoire. Sachez toutefois qu'un trait d'eye-liner à 5h du mat' peut parfois se transformer en "crevage d'oeil". Quant au mascara... il se colle sous l'oeil (sur les cernes) plus que sur les cils.
A y est. Prête.
Descendre les escaliers sans faire de bruit pour ne pas réveiller les voisins. Le silence résonne dans la cage d'escalier. Certes, cette phrase ne veut rien dire mais ça ressemble à ça une descente d'escalier à 5H15. Un plein de silence.
Grimper dans la voiture. Mettre ses feux parce que, oui, il fait encore nuit.
Traverser un bout de Paris.
Compter le nombre de voitures et de piétons croisés.
Paris vide, c'est la jungle. Des chauffards pressés, des camions de livraisons qui roulent aussi vite que les deux-roues de Pizza-trucmuche, des djeuns (et des moins djeuns) qui sortent de boîtes de nuit, des mecs ivres qui se tapent dessus devant votre capot...
Le feux orange devient un feu rouge vif. Les priorités à droite, des priorités de vie. Alors, au volant de ma yaya (petit nom de ma Yaris), pas question de déconner. Faut que j'arrive à l'heure. Parce que le direct en radio, c'est le kiff, mais interdiction de se louper (je vous raconterai peut-être ce qu'il advint de ce policier qui crut bon de m'arrêter un jour à 5h30 du matin alors que 30 minutes plus tard j'étais sensée être devant le micro).
A y est. Suis arrivée.
L'avantage de circuler à 5h30 du matin, c'est l'absence de bouchon, la place de l'Etoile vide (je peux même fermer les yeux au volant) et les places de stationnement qui n'attendent que ma yaya. Bonheur.
5h40. Entrer dans la radio. Avec le sourire. Entrer dans la rédaction. Avec le sourire. Bosser (c'est quand même le but). Un café. Résister aux viennoiseries. Résister encore. Entrer dans le studio. Sourire. Parler. Ressortir. Penser déjà au lendemain. Résister (aux viennoiseries).
Regarder l'heure. 6h30.
La première journée est finie. Une autre commence...
Et sourire.