Je voulais vous dire...
J'avais prévu d'écrire.
De vous écrire.
Vous raconter deux jours de jazz sur les bords de la Méditerranée.
Vous dire à quel point la musique enrichit les cœurs, l'âme. Nous pousse à penser avec tolérance. Nous donne aussi à voir le monde avec une esthétique qui embellit nos vies.
Je voulais vous raconter ce Sud natal, cette lumière et ce ciel bleu à nul autre pareil. Cette sensation de chaleur qui glisse sur le corps. Ce bonheur de dîner le long de la Riviera comme mardi soir. Déguster un poulpe grillé au soleil couchant. Faire danser les O Dans ma bouche, retrouver l'accent et ces mots que les amis parisiens ne comprennent pas...
Je voulais vous raconter ce bonheur qui m'envahit à l'idée de me glisser dans les coulisses du festival de jazz de Nice. Toucher la pierre froide de l'amphithéâtre, lécher mes doigts plein de graisse d'une portion de socca, reprendre la voiture, traverser la ville par la Promenade des Anglais en regardant à chaque feu rouge, les lumières des appartements dominant la mer. Rouler la fenêtre ouverte avec la musique un peu forte. Et s'en foutre. Parce qu'ici c'est comme ça.
Je voulais vous dire tout ça.
Mais cette nuit, je suis restée hagarde sur un canapé. Comme au mois de novembre.
Il faisait un peu plus chaud.
Mais dans mon cœur, c'est un froid glacial. Aussi froid que cette colère qui m'habite. Refaire des gestes inacceptables, insupportables : quelques mots sur les réseaux pour dire qu'on est en vie, mais que non on ne sait pas si tout le monde va bien, pester contre le traitement médiatique tout en restant bloqué sur les écrans, répéter qu'il faut s'aimer très fort et ne pas pouvoir lutter contre une forme de haine...
Je voulais vous dire tout ça, mais je n'y arrive pas.
Nous ne nous promènerons plus jamais comme avant